- sottise
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1 ♦ Défaut du sot (1o); manque d'intelligence et de jugement. ⇒ bêtise, stupidité. « Histoire de l'esprit humain, histoire de la sottise humaine ! comme dit M. de Voltaire » (Flaubert). Avoir la sottise de... : être assez sot pour. « J'avais la sottise de le prendre à la lettre » (Chateaubriand).2 ♦ Manifestation de ce défaut, parole ou action qui dénote peu d'intelligence. Dire, écrire des sottises. ⇒ absurdité, ânerie, bêtise. Faire, commettre une sottise. ⇒ bévue, faute, maladresse (cf. Faire des siennes, en faire de belles). « Il y a une foule de sottises que l'homme ne fait pas par paresse » (Hugo).♢ Spécialt Maladresse, acte de désobéissance d'enfant. Il faisait « derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l'eau » (R. Rolland).3 ♦ Fam., Au plur. Mots injurieux. Il m'a dit des sottises.4 ♦ (1671) Chose de peu d'importance. Perdre son temps à des sottises. ⇒ bêtise, futilité.⊗ CONTR. Finesse, intelligence. Prouesse.Synonymes :- idiotie- imbécillité- stupiditéContraires :- finessePropos ou acte stupide, irréfléchi ou futile, ou, en parlant...Synonymes :- absurdité- ânerie- bévue- fadaise- gaffe (familier)- impair- ineptie- sornettesFamilier Dire des sottises à quelqu'unSynonymes :- injures- méchancetéssottisen. f.d1./d Manque d'intelligence et de jugement.|| Action, parole qui dénote la sottise. Dire des sottises.d2./d Action déraisonnable d'un enfant, bêtise. Faire des sottises.⇒SOTTISE, subst. fém.A. — Défaut d'intelligence, de jugement, de bon sens. Synon. bêtise, idiotie, imbécillité, niaiserie, stupidité; anton. clairvoyance, finesse, sagacité, sagesse.1. [À propos d'une pers., d'un groupe de pers.] La sottise humaine; la sottise et l'ignorance, et la méchanceté, et la lâcheté, et la vanité; la sottise des bourgeois, d'un milieu social; le degré extrême de la sottise. Un petit homme au regard pétillant de sottise (...) Il n'en est pas moins convaincu qu'il est spirituel et fort intelligent (GREEN, Journal, 1956, p. 163):• Son esprit est un rendez-vous de banalités, de pensées communes et publiques, de superstitions bourgeoises, d'idées qu'on pourrait dire surmoulées, de préjugés épidémiques, cette terrible sottise enfin, la plus impatientante de toutes, la sottise éduquée et façonnée, l'ignorance acquise.GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 298.— Loc. verbale. Avoir la sottise de + prop. inf. Shurer se fait vieux; espérons qu'on n'aura pas la sottise de lui donner sa retraite: la faculté ne sait pas ce qu'elle perdrait (SARTRE, Mots, 1964, p. 74).2. [À propos du comportement, d'une manifestation de l'esprit humain] La sottise d'une démarche, d'un discours, d'un jugement, d'un précepte, d'un propos, d'une remarque. Les notions sociales d'Albertine étaient d'une sottise extrême (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 368). L'Émile de Rousseau est arrêté par la police. (...) La sottise du système éclatait (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 99).B. — P. méton., gén. au plur.1. Manifestation(s) de ce manque d'intelligence, de jugement; actes, écrits, paroles qui le traduisent. Synon. ânerie, bévue, bourde, ineptie. Accomplir, débiter, écrire, faire, proférer des sottises; accumuler les sottises, réparer ses sottises; énorme, grande, grosse, lourde sottise; les pires sottises. Ne commets pas la sottise immense d'entrer dans la vie active par les grandes portes pourvues sur leurs frontons d'inscriptions comme celles-ci:École militaire; Ponts et chaussées; Affaires étrangères; Magistrature (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 79). Depuis quelques mois je commets des imprudences, je me laisse mettre en avant, je tente sottise sur sottise (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 342).— En partic.♦ [À propos d'un enfant] Action, conduite peu sage, peu raisonnable. Jusque-là, j'avais été fort mauvais écolier; des sottises d'enfance avaient décidé mes parents à me tenir auprès d'eux (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 198). Quant à Rodolphe, il était d'une malice de singe; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernst sur les bras, pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 32).♦ Fam. Propos insultant(s), injurieux. Un jour je trouvai dans sa chambre un beau camélia rose dans un verre d'eau. Je voulus le prendre, il ne voulut pas (...) J'insistai, je lui dis des sottises (MÉRIMÉE, A. Guillot, 1847, p. 136). J'étais entrée très poliment la prévenir que je prendrais du boudin demain soir, et alors elle m'a agonie de sottises (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 677).2. Chose(s) sans importance, sans intérêt. Synon. babiole, futilité. Dépenser son argent pour des sottises. Ce ministre-là devrait aussi se cuirasser d'avance contre les épigrammes des badauds et même des gens de lettres, qui n'imagineraient pas comment on peut employer à de pareilles sottises l'argent des contribuables (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 218). À mon âge, je devrais tout lâcher ... mes doigts ne serrent plus, je me tracasse pour des sottises (BERNANOS, Joie, 1929, p. 661).REM. Sottiser, verbe trans., rare. Dire des sottises (à quelqu'un); tenir des propos stupides ou futiles. Synon. bêtifier, bêtiser. Sous la brutalité d'une caresse (...) il fallait voir le redressement (...) de l'être vénal qui, sottisant et coquettant et mettant le feu aux poudres avec la dispute de sa bouche et la tentation ondulante de son corps provocateur, arrivait à exiger du désir qui la voulait des excuses amoureuses (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 56).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694: sotise, -tt-, dep. 1718: -tt-. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. sotise « manque d'intelligence, de jugement » (De l'ermite que le diable conchïa du coc et de la geline, 169 ds Trois contes fr. du XIIIe s., éd. G. Bornäs, p. 110); 1578 sottise (RONSARD, Sixiesme l. des poemes ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 15, p. 147, 106 var.); 2. a) 2e moit. XIVe s. sotise « parole ou action dénotant le manque d'intelligence, de jugement » (Livre chevalier la Tour Landry, éd. A. de Montaiglon, p. 180: par sa mauvaise langue et par ses foles sotises); b) 1672 spéc. « maladresse, acte de désobéissance d'un enfant » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 2 juin, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 526: elle fait cent petites sottises qui réjouissent); 3. 1661 plur. « paroles injurieuses ou impertinentes » (MOLIÈRE, Ecole des maris, 248); 4. 1671 « action ou objet de peu d'importance, futilité » (POMEY: il ne s'occupe qu'à des sotises). Dér. de sot; suff. -ise. Fréq. abs. littér.:2 050. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 119, b) 3 151; XXe s.: a) 3 307, b) 2 378.
sottise [sɔtiz] n. f.ÉTYM. XIIIe, sotise; de sot.❖1 Caractère d'une personne sotte; manque d'intelligence et de jugement. ⇒ Bêtise, idiotie, imbécillité, nigauderie, stupidité (→ Bâtir, cit. 36; esprit, cit. 157). || La sottise et la vanité sont compagnes inséparables (cit. 4). ⇒ Fatuité, cit. 7; infatuation, cit. 3 (→ Orgueilleux, cit. 7; prétention, cit. 8). || « Quand on court après (cit. 47) l'esprit, on attrape la sottise ». || Avoir la sottise de… : être assez sot pour (→ Embarrasser, cit. 13; étaler, cit. 34; grognard, cit. 1). || La sottise d'une classe, d'un milieu… (→ Détester, cit. 9; empreinte, cit. 1).1 Histoire de l'esprit humain, histoire de la sottise humaine ! comme dit M. de Voltaire.Flaubert, Correspondance, 997, 17 oct. 1868.2 Ce qu'on commence par sottise, ensuite par orgueil on l'appelle vertu.Gide, Philoctète, III, 3.2 Caractère (d'une chose, d'un acte) stupide. || La sottise de son discours, de ses livres. || La sottise de sa proposition, de sa démarche, de sa réaction.B Une, des sottises.1 (1538). Manifestation de ce défaut, parole ou action qui dénote peu d'intelligence. || Dire (1. Dire, cit. 13), débiter (cit. 10), écrire… des sottises. ⇒ Ânerie, absurdité, baliverne, bêtise… (→ Désapprouver, cit. 3; discours, cit. 4; incognito, cit. 5; naïveté, cit. 9). || Les sottises imprimées (→ Gêner, cit. 14, Beaumarchais). || « Le vers alexandrin n'est le plus souvent qu'un cache-sottise » (Stendhal, Racine et Shakespeare, Préface).3 Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vêtus.Chamfort, Maximes et pensées, Philos. et morale, LXXX.4 Deschartres (le précepteur) battait cruellement mon pauvre frère et (…) se contentait de dire des sottises aux petites filles (…)G. Sand, Histoire de ma vie, III, IV.♦ Faire, commettre (cit. 1) une sottise. ⇒ Bévue, coup (beau), faute, maladresse (cf. Faire des siennes, en faire de belles; → aussi Démordre, cit. 3; gris, cit. 9; raisonnable, cit. 4). || « Les petits ont pâti des sottises des grands » (→ Hélas, cit. 4). || Suite, enchaînement de sottises (→ Avis, cit. 19; filet, cit. 10).5 À un ami qui lui reproche de n'avoir pas (…) démissionné, il (Talleyrand) répond : « Si Bonaparte s'est rendu coupable d'un crime, ce n'est pas une raison pour que je me rende coupable d'une sottise ». Mais dans quelle mesure a-t-il considéré que la non participation au crime serait déjà une sottise ?Saint-Aulaire, Talleyrand, p. 186.6 Il y a une foule de sottises que l'homme ne fait pas par paresse et une foule de folies que la femme fait par désœuvrement.Hugo, Post-Scriptum de ma vie, L'âme, Tas de pierres, VI.♦ Spécialt. Maladresse, acte de désobéissance (d'enfant). || Enfant qui a fait une sottise (→ Menin, cit. 2). ⇒ Bêtise.7 Quant à Rodolphe, il était d'une malice de singe; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernst sur les bras, pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard.R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, II, p. 32.2 (Déb. XXe). Chose de peu d'importance, d'intérêt. ⇒ Babiole, bêtise, futilité. || Il rêvassait, perdait son temps à des sottises. || Elle s'est compromise pour une sottise.❖CONTR. Finesse, intelligence.DÉR. Sottisier.
Encyclopédie Universelle. 2012.